dimanche 17 novembre 2019

Mandago Surf Home


Un an après la création du surf camp sur la commune de Seignosse, nous avons interviewé Eric Lafargue, initiateur du projet, avec sa compagne Stéphanie.

MD : Quelle est la Genèse de votre projet ?

EL : Tout d'abord, c'est un projet de vie, puisque ma famille et moi vivons la majeure partie de l'année dans cette maison que nous avons trouvée dans son jus et dû retaper entièrement. Cette rénovation, qui a duré deux ans, nous l'avons faîte en accord avec notre sensibilité écoresponsable, par conviction personnelle mais aussi pour vivre dans un environnement sain et agréable.

MD : De là, vous avez rapidement accueilli des surfeurs ?

EL : En effet, ce projet de surf camp m'a permis de faire le lien avec mon activité professionnelle : j'ai une école de surf (et de tai chi chuan), Ki Surf School, de type itinérant. C'est à dire que dans ma vision éco-responsable de l'activité, je fais l'impasse sur le confort d'un local et d'une douche en bord de mer, pour privilégier la mise en situation directe dans le milieu naturel. On se rince les pieds à la maison, au retour de la plage. Mes stagiaires me rencontrent sur le parking en face du spot adapté à leur niveau, on se change au camion et quelques mètres plus loin, ils sont déjà sur la plage. Comme il y a de plus en plus d'écoles de surf, l'aspect itinérant devient intéressant car il me permet de trouver des spots moins fréquentés.
A présent, mes élèves surfeurs peuvent également se loger dans un lieu propice à la récupération et à la détente, la Mandago Surf Home. 



MD : Votre hébergement s'adresse-t-il exclusivement à des surfeurs ?

EL : Je dirais plutôt qu'il est destiné aux amoureux de la nature et de l'océan tout d'abord. Nous avons une démarche éco-responsable qui va dans ce sens : peintures à la chaux, murs enduits à l'argile, isolants en laine de bois et ouate de cellulose, potager bio, etc. Par ailleurs, j'enseigne également le tai chi chuan et compte développer des retraites taichi.
Comme beaucoup de passionnés de surf, je m'intéresse à plein d'autres choses connexes au surf, avec ma compagne, on n'a pas envie de tomber dans la caricature à la Point Break.

Néanmoins, l'emplacement de la maison dans le village de Seignosse constitue plusieurs avantages pour le surfeur. Stratégiquement parlant, il peut rayonner vers les meilleurs spots de Seignosse et de Hossegor, de même que Capbreton. Ensuite, pour ceux qui veulent apprendre le surf ou se perfectionner, ils ont l'école de surf à leur disposition, de même que du matériel technique en prêt ou à la location.
Également, la maison se situe dans un quartier calme et arboré, le jardin, la terrasse, les meubles en bois, tout ici concourt à la plénitude. On vient ici, non pas pour faire la fête, mais pour se reposer et faire du sport, tout en rencontrant des gens sympathiques. La plancha est l'occasion de partager les expériences de la journée, le jardin une invitation à l'hédonisme.
Tous les petits commerces sont accessibles à pied en moins de 5 minutes, boulangerie, épicerie, boucher, pizzerias, il y a même un skate parc. Dans le prolongement du village également, on tombe aussitôt sur la zone d'activité Pédebert, avec un supermarché bio et plein d'autres commerces, bars, restaurants, surfshops (partenariat avec Olo Surf Shop), loueur de vélos. Des pistes cyclables et arrêt de bus sont également à deux pas de la maison.



MB : Il y a des surf camps, d'origine hollandaise par exemple, tout le long de la côte aquitaine et qui proposent des packs surf-hébergement à des prix défiant toute concurrence, est-ce un concurrent sérieux pour les petites écoles de surf et surf camps tels que le votre ?

EL : Ces surf camps sont gérés par de grosses compagnies et fonctionnent comme des tours operators, en mode tourisme de masse. Ils embauchent des éducateurs surf sous-qualifiés qui dispensent un enseignement peu qualitatif, avec de ce fait, un certain doute sur leur capacité à assurer la sécurité de leurs élèves dans l'océan. Incertitude d'autant plus grande qu'ils viennent souvent de contrées qu'aucun océan ne borde. Lire la topographie changeante des plages landaises demande beaucoup d'expérience, avec ses baïnes, ses courants, ses marées, variations subtiles qui font de l'océan un environnement spécifique.

La réglementation française impose en effet aux éducateurs nationaux de posséder un certain nombre de pré-requis : un diplôme d’État, une carte professionnelle, des diplômes de secourisme mis à jour chaque année, une assurance en responsabilité civile. Notre école de surf répond à toutes ces exigences en terme de sécurité et de qualité.

Ainsi, les ressortissants étrangers qui veulent découvrir la culture du pays et avoir des interactions avec d'autres cultures, plutôt que d'être parqués dans des genres ghettos avec leurs ressortissants, ont-ils la possibilité de séjourner dans des petites structures plus authentiques telles que la notre. Je rappelle que notre surf camp peut héberger 8 personnes maximum.

MB : Accueillez-vous tout type de nationalité dans votre surf camp ?

EL : Oui, pour avoir voyagé beaucoup, je pense ce mode d'hébergement comme un lieu de rencontre et d'échange culturel. De plus, je parle Allemand, Anglais et Espagnol, ce qui est bien pratique. On aimerait que les promoteurs du tourisme aquitain mettent en avant notre capacité à accueillir les visiteurs dans leur langue maternelle, notamment sur le net, mais en attendant ce jour béni, les tours opérateurs étrangers installés sur le territoire captent la majeure partie de leurs nationaux.

Les Allemands que j'ai eu le plaisir de rencontrer adorent la culture française, la gastronomie, les vins et sont des fanatiques de surf, c'est toujours un plaisir de leur enseigner le surf car ils sont hyper motivés et enthousiastes.
Les espagnols sont très présents lors de la grande vente au déballage d'avril : les magasins d'usine de la zone artisanale toute proche organisent une grande braderie à cette occasion. Ils ont également une forte culture surf dans leur pays.
Ensuite, on a les championnats du monde de surf au mois d'octobre qui attirent des surfeurs de tous horizons. On a eu cette année la visite au Surf Camp d'un surfeur Péruvien, une belle rencontre également.

MB : Parlez-nous également du ki surf coaching ?

EL : la Mandago Surf Home est un endroit conçu pour favoriser le perfectionnement sportif.
Coaching est le mot à la mode, dans la bouche d'un Français, ça donne une connotation de haut niveau, de performance. Traduit en anglais, "training" signifie simplement "entrainement". Mais parler de surf coaching vend mieux, ça fait partie du folklore.
Par ailleurs, je considère que la performance sportive ne doit pas être l’apanage exclusif du compétiteur, en particulier en ce qui concerne une discipline aussi atypique que le surf.
Lors des séances de surf, je photographie et filme les élèves à l'entraînement (quel que soit leur niveau), j’interagis avec eux dans l'eau et de retour à la maison, c'est confortablement installés dans le canapé ou sur la terrasse que nous pouvons débriefer les images de la session. Pour mettre en pratique lors de la séance suivante. Des supports pédagogiques sont mis à disposition mais je privilégie la pratique à l'eau avec de nombreux feedback, la mise en situation plutôt que d'interminables conférences sur le sable. Un système d'entraînement spécifique basé sur les techniques martiales du taichi donne également d'excellents résultats pour gagner en souplesse, coordination et explosivité, que j'appelle le Ki Surf.

MB : Vous avez baptisé votre hébergement Mandago Surf Home, que signifie Mandago ?

EL : Mandago est un clin d’œil à la culture landaise et plus spécifiquement à ses légendes, son univers fantastique. Il existe donc dans la culture orale landaise tout un bestiaire d'êtres fantastiques effrayants, le loup garou, lou becut, la came crude, lou carghol.
Le Mandago, quant à lui, est un petit démon, mais un démon bienveillant : il rentre dans la maison sous l'apparence d'un écureuil et si vous parvenez à l'attraper, il vous apporte richesse et bonne fortune. C'est un peu la poule aux œufs d'or version landaise.

MB : Vous avez obtenu la Charte Tourisme Durable. Comment vous positionnez-vous sur cette thématique de la protection environnementale ?

EL : On est très prudents avec les labels car beaucoup sonnent creux tant ils sont instrumentalisés à des fins de communication, de greenwashing ou de politique territoriale. Les labels permettent au public de connaître notre sensibilité mais notre démarche est avant tout personnelle. Prendre soin de son environnement, c'est prendre soin de soi-même.
Toutefois, il n'est pas question pour nous de culpabiliser les gens, de leur faire la morale, alors que l'Etat exerce un contrôle toujours aussi mou sur les gros pollueurs. Les responsables des millions de déchets plastique sur les plages ne sont pas les consommateurs mais les industriels qui ont émis ces produits sans en assumer le coût en terme de pollution. Car en bout de chaîne, ce sont les habitants, à travers la fiscalité, qui paient les frais de ramassage et de traitement des déchets endossés par les municipalités.
Alors, oui, bien sûr que c'est mieux de consommer responsable. Mais que la pression critique et coercitive s'exerce exclusivement sur les gens sans remettre en cause le système, c'est vraiment se tromper de cible. Telle est la nature de notre engagement "écoresponsable".

MB : Et sinon, ça ne vous pose pas problème de vous interviewer vous-même ?

EL : J'ai un alter-ego littéraire nommé Mickey Dorade, c'est lui qui me donne la réplique aujourd'hui. Ça économise du temps à un vrai journaliste, de même que du papier. En plus, en la quasi-absence de journal d'opinion local (je ne parle même pas d'investigation), le journal landais prend souvent l'allure d'une brochure pro gouvernementale, peu critique à l'égard des politiques publiques. M'auto-interviewer est donc pour moi, je ne dirais pas un acte militant, mais du moins un devoir d'honnêteté.

MB : Pour revenir sur un terrain plus léger, que diriez-vous à vos futurs clients pour leur donner envie de venir ?

En réponse, je peux vous dire ce que nos clients ont apprécié lors de leur séjour : ils ont tous fait des commentaires élogieux sur la décoration intérieure, le côté chaleureux du mobilier en bois, la convivialité des lieux de vie commune. Ils ont aimé aussi l'accès de chaque chambre sur un bout de terrasse et le jardin pour plus d'intimité. La plancha a été utilisée avec plaisir, pour faire griller un poisson frais pêché du port de Capbreton ou une pièce de viande achetée chez le boucher du village, le coucher de soleil depuis la vue dégagée du jardin. De même, la facilité de prendre des cours de surf ou d'emprunter une planche, les tuyaux pour trouver les bons spots de surf ont été considérés comme un plus pour des vacances 100% surf et nature. Le calme du lieu était recherché par les occupants de la Mandago Surf Home, ils se sont entendu à merveille et ont profité de la région selon leurs aspirations. Rencontrer des gens de tous horizons donne un petit sentiment d'évasion, nous-même avons trouvé l'expérience fort enrichissante. Du coup, on va continuer, alors welcome home !




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