mercredi 29 août 2018

Bocal

Lexique surf : le Bocal 


Le Bocal est une contraction de l'expression "local du bac à sable".

On distingue le "bocal" du "local" du spot.

Le local n'attend rien d'autre des non locaux qu'une certaine forme de respect, concernant les règles de priorité et de convivialité du surf. Les véritables locaux ne perdent pas leur temps à le crier sur tous les toits, cela aurait quelque chose d'un peu futile, ils considèrent sans doute que dans la vie, il y a des choses plus importantes. Ce serait comme de passer sa journée à déclarer - "Maman, merci de m'avoir pondu près du spot", ou encore "Papa, merci d'avoir déménagé à la plage" - ce qui n'est, somme toute, pas très viril.

Le "bocal" est un individu qui vibre d'être local, bien que ce statut soit souvent contestable, et qui revendique en tant que tel des droits sur un spot de surf. Bien sûr, pour contrebalancer, il faudrait des devoirs : pédagogie à l'égard des comportements dangereux, instruction des plus jeunes aux dangers de l'océan, assistance à personnes en danger, etc. Malheureusement, cet altruisme est souvent tellement égocentré qu'il dérive en vociférations sur le surfeur inconnu, revendication de la priorité sur toutes les vagues, manifestations d'agressivité, jalousie à l'égard de ceux qui vivent de l'activité surf et enseignement aux plus jeunes d'une forme de chauvinisme et d'un mépris des surfeurs considérés comme non locaux.

En outre, le bocal renvoie aux bocaux de confiture de mamie, il y a là l'évocation du redneck australien, qui pourrait se traduire par "crétin de l'arrière pays". Le bocal est également le réceptacle de toutes les fermentations, ces petites frustrations du quotidien qui trouvent leur exutoire dans le rejet de l'autre, la volonté de se créer une identité de surfeur du cru dépositaire du statut de local, tel le bernacle accroché à son rocher.

Souvent, le bocal s'accommode très bien de certaines contradictions : par exemple, il se déclare dépositaire d'une pureté issue d'un prétendu âge d'or du surf, rejette les apports économiques du développement du surf et de son corolaire, le tourisme, mais dans un même temps, il n'hésite pas à se lancer à corps perdu dans le business du surf si l'occasion se présente à lui ! Ou à devenir touriste à son tour en voyageant à l'étranger, notamment par le biais de ces boat trips qui promettent des vagues parfaites sans contact avec l'autochtone.

En effet, les gourous ne sont pas légion qui ne succombent eux aussi aux attraits de la société de consommation. Ainsi, le bocal consomme des vagues qu'il entend vainement garder pour lui seul.

Le bocal a quand même une utilité : en effet, certains caractères ne sont capables de civilité que s'ils ressentent la peur du bâton. Aussi, le hot local, même s'il n'est qu'un mythe, sert du moins à tempérer certains comportements irrespectueux et sans gène.

C'est comme avec les moustiques, on a tendance de prime à bord à les considérer comme nuisibles, alors qu'ils participent d'un équilibre de l'écosystème. Bon, je n'ai encore jamais vu un poisson gober un bocal, mais les bienfaits doivent se situer à un tout autre niveau.

Il existe aussi des variations dans le localisme : on distingue en effet le hot local sur un spot dangereux et mythique tel que Pipeline, du local qui jouerait les shérifs sur un beach break français inoffensif, donnant alors tout son sens à l'expression de "local du bac à sable".




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