Landifornie
Hossegor est l'épicentre de ce que certains appellent déjà la Landifornie : effectivement, tous les ingrédients sont là.
On ne retrouve pas ici la dimension d'une Silicon Valley et pourtant, des industries se sont implantées entre le Pays-Basque et le Sud des Landes, surfwear, Turbomeca et quelques entreprises de pointe au Pays-Basque.
Une pépinière professionnelle qui penche largement vers le 64 mais une attractivité qui englobe le Sud Landes et son cadre de vie moins urbanisé. Oui, la qualité de vie attire des populations de plus en plus aisées qui font grimper le prix de l'immobilier et rendent difficile l'acquisition d'un logement pour une classe moyenne que le contexte économique global a tendance à tirer vers le bas.
Corolaire de ce petit côté californien, la consommation exacerbée de toutes les modes balnéaires, vestimentaires et d'apparat, locomotrices, sportives ou d'agrément. Dans les années 90, cela se résumait au port de la casquette et d'un caleçon Pullin mais l'offre s'est grandement diversifiée :
le Hossegorien 2020 s'habille toujours décontracté, surfwear chic ou sport, il va chez le barbier-tatoueur, consomme de la bière locale et mange alternativement des poke-bowls et des desserts à base d'açaï, il fait souvent du surf quand il ne marche pas dans les pas de Laird Hamilton en s'adonnant à la pratique du SUP ou du foïl ou encore du jetski, il se déplace en "gros pneus" sur la plage (vélo électrique customisé à la sauce californienne), il a des amis profs de surf ou de yoga, il s'adonne à la pratique du Hatta yoga et s'intéresse aux activités dîtes de bien-être, se rend dans une des nombreuses salles de fitness et commence à lorgner du côté du cabinet de chirurgie esthétique qui vient juste d'ouvrir.
En Landifornie, on prend soin de son corps et de son esprit, les plages immenses, la forêt sont un lieu propice à l'exercice d'un certain hédonisme salvateur, tandis qu'ailleurs, dans les grandes villes ou à l'étranger, le monde donne parfois l'impression de s'écrouler.
Les activités de bien-être
Dans ce milieu propice, les activités dîtes de bien-être se multiplient : yoga, qi-gong, tai chi chuan, massages, sophrologie, hypnose, Accès-Bars, méditations, fleurs de Bach, réflexologie plantaire, etc.
Certains "praticiens bien-être" reviennent d'une vie active stressante dans des entreprises standardisées poussant à la rentabilité. Cette bascule vers une activité professionnelle qui prône l'écoute de soi et l'harmonie du corps et de l'esprit est une forme de thérapie. On change de métier comme on change de peau.
Ces activités s'invitent également dans les entreprises par le truchement d'ateliers proposés aux salariés mais également par le biais de séminaires promoteurs d'une forme de bienveillance dans l'entreprise : ainsi, ces outils permettent un management en douceur de la masse salariale. En offrant au salarié la possibilité de pratiquer des activités sensées réduire le stress et les pathologies du travail, on évite de questionner ou de remettre en question la pression et la violence qu'exercent en cascade le système spéculatif, l'entreprise et le management sur le travailleur.
Ainsi les multinationales du surf, florissantes dans les années 90, ont-elles depuis dégraissé leurs effectifs à grands coups de hache. Dans le management de la bienveillance, on ne parle pas de salarié mécontent mais de "personnalité à problème", ce qui est bien une forme de novlangue pour éluder la question du problème global de l'environnement du travail (gratification par le salaire mais aussi par l'autonomie, sens donné à ce que l'on produit ; pénibilité des gestes ou des cadences, sous-effectifs ; pression des objectifs excédant la capacité de récupération de l'être humain).
Dans un tel contexte, les activités de bien-être, dont on ne peut nier qu'elles améliorent la santé des êtres humains, deviennent parfois la bonne conscience de certaines entreprises carrément toxiques. A peu de coût, elles donnent le sentiment d'avoir le soucis de leurs salariés. Elles sont comme une rustine sur un pneu crevé, à l'image de la médecine occidentale : quand je vais chez le médecin, il me donne un médicament qui donne la diarrhée pour soulager le symptôme du mal de dos, sans chercher l'origine du problème. Ainsi, mon mal devient un mal récurrent.
Bien sûr, il existe des entreprises modèles dans lesquelles les salariés ne sont pas les agents d'une production destinée à engraisser de lointains actionnaires mais des participants actifs sur un lieu de travail qui les écoute et prend soin de leur bien-être. Car un salarié épanoui et en bonne santé produit un travail de meilleure qualité. Alors, le cours de tai chi chuan qui améliore la posture au travail devient un bonus.
De la bienveillance dans les activités de bien-être
On assiste à l'éclosion d'une multitude de gourous du bien-être qui s'érigent en guides spirituels, font des leçons de morale et d'hygiène de vie.
Or, la vie des gens n'est pas toujours en accord avec ce qu'ils prêchent, spécialement lorsque l'on touche à la spiritualité ou à l'éthique. Il convient d'abord de s'occuper de sa propre éthique avant de prétendre guider celle des autres. Dans une société où l'apparence, l'emballage, le packaging, le post instagram, la communication et la manipulation de l'information ont envahi sphère professionnelle comme privée.
Ces activités qui prêchent la lenteur, la bienveillance et le non agir s'inscrivent dans une société qui nous pousse à la rentabilité, au succès par la compétition et à la démonstration de cette réussite via le monde virtuel des réseaux sociaux. On s'aperçoit alors que le gourou et ses adeptes n'échappent souvent à la toxicité de la vie moderne que le temps d'une séance et que la prétendue bienveillance, à l'image du système néolibéral, ne ruisselle guère plus loin que le bout de la salle, et encore.
Pratiquer la méditation bouddhiste et travailler comme chimiste en phytosanitaires pour Bayer-Monsanto, par exemple, revient à élever l'hypocrisie au rend de divinité. Ce serait comme de caresser d'une main et décapiter de l'autre. L'homme moderne, ses parents allaient à l'église, lui se lave de ses péchés dans la méditation, le yoga ou les pratiques transcendantales d'inspiration chamanique.
Bien sûr, au milieu de ce foisonnement de spécialistes et de pratiquants du bien-être se trouvent des personnalités sans fard, conscientes de la futilité de s'inscrire en gourous dans un environnement qui offre inégalement les chances : mettre en adéquation sa vie avec ses convictions est pour beaucoup un luxe, lorsque le premier défi quotidien est déjà de remplir son frigo.
C'est en faisant acte d'humilité et de simplicité, autrement que par du baratin, que ces "praticiens du bien-être" donnent du sens à la notion de bienveillance.
Bienveillance authentique versus bienveillance factice
Pour conclure, il ne s'agit pas de nier les vertus de ces disciplines. En effet, elles permettent aux pratiquants de trouver leur équilibre dans une environnement stressant et artificiel. On peut également dire que la pratique de la méditation enseigne la tolérance et la bienveillance, comparée au kravmaga dont le but est de détruire des ennemis en temps de guerre.
J'aimerais croire que ces disciplines pacifiques ont une influence positive sur des hommes qui, je l'espère, seront de moins en moins sensibles aux manipulations de masse et aux discours de haine véhiculés par les médias.
Or la bienveillance est souvent présentée comme un manuel de béniouiouisme, dans lequel toute parole critique (et donc négative), mais aussi toute persévérance, sont à proscrire : aussi, lorsque l'on m'interroge sur le développement de mon école de taichi et que j'explique qu'il s'agit d'une route longue et difficile, parce que le boom du yoga, parce que le tai chi chuan est une discipline méconnue, parce que les gens en ont à tort une image de gym du troisième âge, je me fais sermonner, ma négativité me perdra ! Tant pis, je préfère le réalisme douloureux à la béatitude ingénue.
Par ailleurs, ces disciplines nous viennent de cultures qui ont élevé la persévérance au rang de règle d'apprentissage numéro un : ainsi, se faire du bien par le yoga ou le taichi demande beaucoup de travail, et donc une certaine dose de souffrance et d'abnégation. On ne s'étonnera pas que cet aspect là, peu attractif en terme de marketing, soit souvent passé sous silence.
Cet article constitue une mise en garde contre le pouvoir de récupération des marchands de rêve, enfants d'une économie de marché qui torpille ses contradicteurs en manipulant le langage et en faisant sien n'importe quel discours. Ainsi, caché derrière des masques, l'homme moderne s'accommode de toutes les contradictions. La bienveillance comme un tapis sous lequel on glisserait tout ce qui dérange. Heureux au pays des Contents !
Au Ghana, alors que je logeais avec ma compagne dans un écolodge en bord de mer, j'eus le déplaisir de découvrir dans les plantations d'hévéa toutes proches, des bidons de glyphosate abandonnés à même le sol (fabriqués par un laboratoire français, Arista).
En contrebas de ces plantations, le potager bio du lodge, alimenté par des eaux vraisemblablement polluées, perdait soudain de son attractivité.
L'écolodge, avec sa prof de yoga, sa fête de Noël et ses touristes sur-encadrés (dissuadés de trop s'éloigner à cause de soi-disant voleurs de grand-chemin) me parut soudain un petit ghetto pour bobos, une illusion, une bulle coupée de la réalité.
Au milieu des autres vacanciers se trouvait d'ailleurs un négociant en glyphosate, qui remettait mollement en cause les bienfaits de son exercice, en sirotant un cocktail face à l'océan.
Les crises climatiques et humanitaires nous montrent que chacun a un devoir de bienveillance, envers la planète et ses semblables, qu'il exerce à la mesure de sa bonne volonté et de ses moyens. Toutefois, à moins de vivre en dehors de la société de consommation, personne n'est 100% vertueux. Mon smartphone implique des atrocités au Congo pour l'extraction minière encadrée par des criminels de guerre, mon voyage d'étude taichi auprès de mon maître en Chine m'oblige à prendre l'avion, je peux mettre dans la balance de mon quotidien les bons et les mauvais gestes. Et néanmoins, je refuse de culpabiliser à la place des dirigeants du G7.
Aussi, je souscris à la bienveillance et aux activités de bien-être, mais éclairées par un minimum de lucidité et d'honnêteté.
Je veux partager un témoignage sur la façon dont M. Benjamin m'a aidé avec un prêt de 2000000,00 USD pour financer mon projet de ferme de marijuana, je suis très reconnaissant et j'ai promis de partager cette société de financement légitime à quiconque cherche un moyen d'élargir son projet d'entreprise .la société finance la société. Toute personne cherchant un soutien financier doit les contacter sur 247officedept@gmail.com M. Benjamin est également sur WhatsApp + 1-989-394-3740 pour faciliter les choses pour tout candidat.
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