Dans n'importe quelle activité sportive, il existe des règles simples pour éviter les blessures. Apprendre sur le tas comporte une part de risques puisque l'on apprend à ses dépends (ou ceux des autres). Passer par une bonne école de surf permet d'éviter certaines erreurs. L'accidentologie du surf, évoquée ici, ne vise pas à décourager ou effrayer. Chaque discipline, escalade, tennis de table, kungfu, football a sa propre bobologie, qu'il convient de connaître pour mieux s'en prémunir. Les règles de sécurité font partie de l'apprentissage du sport.
Énumérons les précautions classiques, elles concernent aussi bien le débutant que le surfeur aguerri.
S'échauffer avant la mise à l'eau
Les jeunes surfeurs, excités à la vue des vagues, prennent rarement le temps de s'échauffer.
Le sport soumet le corps à des contraintes inhabituelles, articulaires ou posturales, spécifiques à chaque activité, et qui sur le long terme peuvent occasionner certaines pathologies et douleurs ostéo-articulaires. Un échauffement permet d'éviter tous ces traumatismes et de continuer la pratique du surf jusqu'à un âge avancé.
Le surf, soumis aux caprices des vagues et de la météo, ne permet pas toujours une pratique régulière. Il est alors intéressant, en guise de préparation physique, de croiser avec des entraînements cardio, d'autres plus explosifs et de développer une multitude d'habiletés motrices par la pratique complémentaire d'autres activités sportives.
Je ne saurais que recommander la pratique des arts martiaux car, en plus d'améliorer la souplesse et la coordination, ils permettent de développer de bons réflexes et de réagir efficacement face aux situations d'urgence. Or, le surfeur se trouve constamment devoir gérer un milieu en constante transformation, la vague étant la personnification de la spontanéité.
Ne pas sauter tête bêche
Le surfeur, qu'il soit en train de glisser sur une vague ou bien de se lever maladroitement sur sa planche, prend garde de ne jamais plonger en piquet, tête en bas. Que l'eau soit opaque ou bien transparente, évaluer la distance du fond est une entreprise hasardeuse : la vague traverse des bancs de sable de hauteur variable, la profondeur peut également avoir diminué du fait de la marée descendante, certains spots de surf sont parsemés de rochers. Le surfeur agit donc avec circonspection et quitte sa planche en adoptant une trajectoire de biais, il ne plonge pas à la verticale. Lorsque le fond est rocheux (reef) et la profondeur de l'eau très faible, la trajectoire de son saut sera presque parallèle à la surface de l'eau, afin de rester en surface.
Par ailleurs, le surfeur a tout intérêt à sauter bras en avant, plutôt que tête en premier.
Cela permet d'éviter plusieurs blessures :
On pense à l'accident tout bête du baigneur qui va taper la tête au fond de la piscine. En plongeant de biais, on évite les blessures du rachis.
Présenter les bras permet aussi de protéger la tête d'un choc avec le fond ou la planche mais aussi simplement avec la surface de l'eau. En effet, sur une grosse vague qui génère beaucoup de vitesse, le ressenti du surfeur qui plonge est parfois celui d'une eau dure à l'impact. Les bras, en pénétrant l'eau en premier, permettent d'éviter la sensation de "plat" de la tête : ce choc, peu agréable pour les cervicales, s'il intervient au niveau de l'oreille, peut occasionner une lésion du tympan.
Petite précision, mieux vaut présenter les bras groupés plutôt qu'écartés, afin d'éviter de placer les articulations des épaules dans des positions névralgiques (amplitudes extrêmes).
De là une seconde règle : ne pas regarder en bas. En effet, toute personne qui regarde "par terre" a tendance à se pencher et ainsi perdre son équilibre.
Au bord, attention à la marche
Lorsque le surfeur glisse jusqu'au rivage, il n'y a parfois plus qu'une dizaine de centimètres de profondeur. Il convient alors de quitter la planche avec précaution. En effet, le fond de l'eau n'est pas toujours plat et bien que cela arrive rarement, on peut se tordre une cheville. Plutôt qu'un saut jambes tendues, on préfèrera ne pas sauter trop haut et fléchir à l'atterrissage. Il est possible aussi de s'asseoir sur la planche et de se laisser glisser sur le côté.
Éviter aussi de se réceptionner sur la main lorsqu'il n'y a presque pas d'eau, on peut se faire mal, mieux vaut se laisser tomber sur le flanc. Mais là, on entre dans un autre domaine qui est celui de l'art de la chute.
Maîtriser les règles de base du take-off
Le débutant a parfois de mauvais réflexes, des gestes intuitifs mais peu appropriés : il se lève en tenant le bord de sa planche, regarde celle-ci dans l'espoir de placer le pied correctement, autant de défauts techniques qui l'empêchent de libérer la place nécessaire au passage du pied avant. Il arrive alors qu'il se torde les orteils. D'où l'intérêt d'apprendre avec un coach sportif compétent, nous avons vu dans un article précédent que les techniques les plus fantaisistes sont parfois enseignées.
Cela rejoint la règle précédente : ne pas regarder vers le bas. En effet, ce mauvais réflexe va créer de la lenteur dans l'exécution du take-off et la planche va piquer en bas de vague avant que le surfeur n'ait eu le temps de poser ses pieds sur la planche. Or, il vaut mieux poser les pieds rapidement, la planche étant ainsi maintenue à distance respectable ; en cas de chute, il est plus difficile de se cogner à elle, on peut facilement sauter sur le côté. Alors qu'en restant allongé, agrippé, collé à elle, le surfeur subit la glisse, les risques de rencontre avec la planche sont supérieurs lorsque, inévitablement, elle enfourne en bas de vague.
Éviter de placer la planche entre la vague et le surfeur
C'est le classique à la Brice de Nice, la première vaguelette vous rabat la planche sur le nez alors qu'il eut suffi de la tenir sur le côté.
Mais cette règle vaut aussi bien pour soi que pour les autres. Le surfeur qui, passant la barre, laisse traîner ou s'échapper sa planche alors qu'un autre surfeur se trouve derrière lui peut facilement imaginer la suite des événements : la vague suivante va projeter sa planche sur l'autre surfeur.
A l'identique, le surfeur un peu plus aguerri prend garde, lorsqu'il exécute un virage en haut de vague, d'avoir suffisamment de vitesse pour ne pas tomber, la planche placée entre lui et la lèvre de la vague risquant alors de lui revenir dessus. Dans le tube, si la mousse tente de l'avaler, il prend appui sur ses pieds pour sauter loin de la planche, pour les mêmes raisons.
Sortir de l'eau en se protégeant la tête
Au sortir d'un plongeon, la planche, sans qu'il n'y puisse rien faire, peut se trouver entre la vague et le surfeur. Cela arrivera peut-être une fois sur mille, mais ça ne coûte rien de se protéger.
Le surfeur est encore sous l'eau, il remonte à la surface en présentant ses bras devant son visage, car il ignore où se trouve sa planche. En émergeant, le surfeur peut se cogner au dérives de la planche, ou se faire rabattre cette dernière par une vague, ou encore le leach en tension va lui ramener la planche un peu trop vite. Les bras vont arrêter la planche et éviter un choc au niveau de la tête qui eut pu avoir diverses conséquences : bleus et coupures, choc au niveau du cou.
La gestion du leach
Le leach doit être un peu plus long que la planche pour maintenir cette dernière assez loin du surfeur lorsqu'il émerge de l'eau. Utiliser un leach permet de ne pas perdre la planche en cas de chute et empêche que celle-ci n'aille percuter quelqu'un placé près du bord.
Néanmoins, là encore, deux précautions : un cordon relie le leach à la planche, on évite d'aller coincer ses doigts dans cette corde qui risque, en s'entortillant lorsque la vague emporte la planche, de vous blesser.
Si le surfeur souhaite retenir sa planche, au passage d'une vague (mettons qu'un baigneur se trouve derrière lui), il attrape la bande de tissu qui enserre la base du leach.
Personne n'est derrière lui, la vague est trop puissante, il lâche le leach avant de ressentir une sensation de brûlure occasionnée par le frottement du tissu et pour éviter de trop solliciter l'articulation des épaules.
Cela rejoint cet autre conseil, on ne s'acharne pas à retenir sa planche si la vague est trop puissante, on risquerait de se faire mal pour rien, mieux vaut la laisser nous échapper. C'est pourquoi, on évite le plus possible de se retrouver à la queue leu leu avec d'autres surfeurs ou baigneurs.
Respecter les règles de convivialité à l'eau
Bien souvent, le principal danger du surfeur, ce n'est pas l'élément en lui-même, mais plutôt les autres surfeurs. Il existe un ensemble de règles pour éviter que les surfeurs ne se blessent entre eux. Cliquez ici pour connaître ces règles de priorité et de convivialité. Ces règles permettent de passer la barre sans gêner les autres mais également d'éviter que plusieurs surfeurs ne se retrouvent sur la même vague, avec des risques de collision évidents.
Ne pas tourner le dos à l'adversaire
Le surfeur émerge de l'eau, qu'il soit tombé ou qu'il ait sauté de la planche, il cherche sa planche pour s'assurer qu'elle ne représente aucun danger mais il regarde également vers le large : ainsi, il anticipe sur les vagues qui roulent vers lui et sur la trajectoire des surfeurs glissant vers le rivage.
Fatigué, le surfeur se laisse pousser jusqu'au bord et se repose sur le sable. Un surfeur qui flotte, allongé sur sa planche, dos aux vagues, se transforme en cible humaine. Il ne voit rien venir, vagues, surfeurs, il remet son destin entre les mains de Mama Nature, ce choix n'est peut-être pas judicieux.
Plonge qui peut !
Lorsque la planche flotte entre la vague et soi, mieux vaut plonger que d'essayer de l'attraper en catastrophe, on aura ensuite le temps de la récupérer, en toute sécurité, puisqu'elle est reliée à la cheville par l'intermédiaire du leach.
Idem avec un surfeur qui nous fonce dessus. Si l'impact devient imminent, mieux vaut s'échapper sous l'eau.
Se retrouver au point d'impact d'une grosse vague rend parfois compliquée l'exécution du canard, un débutant aura alors tout intérêt à pousser la planche sur le côté et à plonger.
Voilà déjà quelques règles, relativement simples à appliquer, et qui permettent d'éviter la plupart des risques inhérents à la pratique du surf.
L'élément liquide est somme toute un milieu assez peu accidentogène, en particulier pour le surfeur : ce dernier ne chute pas sur une surface dure, la planche est comme une bouée de secours et l'utilisation d'une combinaison néoprène lui permet de flotter.
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