1. Les fausses règles
L'article du site de Surfsession, intitulé - "Avez-vous déjà
sciemment taxé la vague de quelqu'un" - et surtout les commentaires
laissés par ses lecteurs, permettent de découvrir quelques-unes de ces fausses
règles. Au billard, cela caractériserait un comportement de mauvais joueur,
justifiant ses tricheries par l'évocation d'exceptions fallacieuses. Quelques
exemples, qui parlent d'eux même :
· Je taxe parce que la vague est trop belle :
"Pour être honnête oui... Moi ça m'arrive de
"twister" quand une vague est vraiment trop belle et de partir coute
que coute ! Après par contre, je m'excuse toujours, la technique du "je
t'avais pas vu" passe bien. Mais il ne faut surtout pas en abuser. Et
inutile de dire que je ne suis pas fier de ça. Mea Culpa donc aux victimes de
ma fougue et mon égoïsme".
· Je taxe mes potes parce que je risque moins de représailles qu'avec un inconnu :
" cas ou tu peux braquer un gars : ... le cas où t'es
entre potes et que tu n'as rien à craindre d'eux".
Autres règles que certains inventent spontanément :
· Il y a trop de monde à l'eau, je ne respecte plus aucune règle
Cela logiquement devrait être l'inverse : un comportement
irréprochable et respectueux des règles permettra toujours de surfer dans de
meilleures conditions. On n'a pas inventé ces codes de conduite pour surfer à
deux mais bien pour gérer le monde !
Toutefois, lorsqu'un spot est surpeuplé, que le chaos règne
déjà avec quatre surfeurs qui démarrent sur la même vague, prêcher par
l'exemple peut s'avérer ambitieux si personne ne respecte la moindre règle. La
limite au comportement irresponsable du surfeur est atteinte lorsqu'il blesse
quelqu'un.
Parfois, il y a tellement de monde à l'eau que l'acte de
surfer devient quasiment impossible. A ce moment là, on est en effet au delà
des règles, les comportements relèvent de la survie.
· Je suis local, j'ai toujours la priorité
Dans un coin comme Hossegor où le nombre d'habitants qui
surfent est très important, cette règle va être difficile à appliquer. Neuf
fois sur dix, le hot local va faire valoir son droit de local auprès d'un autre
local, qu'il ne connait certes pas, mais qui n'en est pas moins local que
lui-même. Du coup, s'il est vraiment idiot, il va se ridiculiser en cherchant à
savoir si son interlocuteur habite à 2 km ou à 5 km du spot, voire bien pire, à
30 km de là, dans le village d'à côté !!!
Une règle universelle veut d'ailleurs que les plus virulents
ne soient généralement pas les locaux pur souche mais plutôt des individus
venus d'horizons divers, installés sur la côte depuis x années, en quête d'une
identité qu'ils incarnent dans la figure du surfeur localiste (équivalent
micro-géolocalisé du nationaliste).
Tout individu inconnu est un étranger qu'ils peuvent taxer.
Il convient de ne pas trop se laisser impressionner par le local du bac à
sable, si ça se trouve il est aussi étranger que vous. Au bout de quelques
semaines de villégiature dans un pays, un touriste surfeur peut commencer à
avoir des prétentions de maître du spot. Ça s'est déjà vu !
Pour autant, lorsqu'un surfeur voyage, il doit respecter les
règles élémentaires du savoir vivre et montrer un minimum de respect envers les
surfeurs locaux qu'il croise sur les spots. Autres lieux, autres coutumes
aussi, on n'arrive pas en pays conquis, on essaie de s'adapter, de se faire
accepter et cela passe par le respect des règles non écrites du surf.
Dans certains pays, les locaux appliquent cette règle
discutable de la priorité due systématiquement au local. La plupart du temps
néanmoins, lorsque le visiteur sait se montrer patient et humble, ils finissent
par lui laisser prendre des vagues et l'encouragent à démarrer. Cela nous rappelle que nous venons d'une civilisation où l'on doit se
presser, chercher la rentabilité, l'efficacité à chaque instant et que ce
modèle n'est pas universel.
L'océan se prête à remettre en question ce mode de vie
stressant, et c'est en se pliant à la volonté de cette nature indomptable que
l'homme, pêcheur, navigateur ou surfeur trouve cette paix indéfinissable. Qui
ne semble avoir aucun équivalent sur la terre ferme.
· Je suis débutant, je peux me permettre de faire n'importe quoi
Il est certes normal pour un débutant de faire des erreurs
lors de son apprentissage. On lui pardonnera beaucoup mais cela ne doit pas
l'empêcher, sinon de respecter les règles, au minimum de les connaître ou de
s'y intéresser.
Son soucis premier est de ne pas blesser quelqu'un par
mégarde. Il va sans dire que s'il rame alors qu'un surfeur se trouve en face de
lui, il y a de grandes chances pour qu'il percute et blesse cette personne.
Il y a certes, les règles, plus ou moins faciles à intégrer,
mais il y aussi et surtout le bon sens, qui lui, est à la portée de tout le
monde.
2. Le bon sens
Commencer par dire bonjour, être aimable et positif serait
déjà un bon début !
Tous les ajustements à la règle, que je viens d'énumérer
semblent relever du bon sens et du savoir vivre. Pourtant, l'expérience a
prouvé que ce n'était pas évident pour tout le monde. Le surf est un sport
individualiste dans une société individualiste, cela influence des
comportements individualistes, cela va s'en dire.
Néanmoins, le nombre de pratiquants augmentant chaque année,
le surfeur ne peut se comporter comme s'il était seul au monde ou qu'il avait 5
ans et demi. Le gâteau, il faut le partager, même s'il y a la fève dedans ; )
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