samedi 8 août 2020

Eric, icone Capbreton 2020

Le correspondant local de Sub-Ouest, Mickey Dorade, s'intéresse cette semaine à Eric Eric, une figure de la scène capbretonnaise, qu'une campagne de communication a brutalement extirpé de son tranquille anonymat.


            Mais qui donc, dans la vie réelle, possède le même prénom que son patronyme ? 
Et bien c'est le cas de Eric, un landais dont le nom de famille se perd dans la nuit des temps, celui des Vikings.  La tradition de laTorelle serait d'ailleurs une survivance de cette époque : en effet, à la veillée de Noël, se dresse encore un bûcher rassemblant tout le village de Capbreton. On dit que jadis, cette flambée spectaculaire visait à projeter l'ombre démultipliée des villageois en vue de décourager les Vikings en approche, engagés sur le fleuve Adour, qui se jetait alors à Capbreton.
Dans les récits de famille, on parle d'un ancêtre illustre nommé Eric Le Grand et qui, venu de Scandinavie comme chef de guerre, enleva une belle landaise et s'installa non loin de l'embouchure de l'Adour, au lieu-dit de La Pointe, où il se lança dans le maraichage bio et la viticulture sur dunes, inventant ainsi le fameux Vin des Sables.
Ensuite, Eric Le Grand introduisit auprès des pêcheurs capbretonnais quelques améliorations dans la conception de leurs frêles embarcations que l'on connait désormais sous le nom de pinasses. Il leur permit ainsi de s'aventurer plus loin sur les vastes océans et d'aller dit-on pêcher la baleine jusque sur les rivages du Nouveau Monde.
 
Ensuite, le clan des Eric participa aux grandes aventures de l'histoire landaise : la silviculture, la grande révolte des métayers de 1920, les débuts de l'ère industrielle avec les Forges de l'Adour qui fermeront dans les années 60, puis curieusement, la ruée vers l'or noir à Parentis-en-Born où l'on extrait toujours le pétrole puis une longue période de contemplation de ce boom du tourisme balnéaire, initié dans les années 30 et qui devait trouver son apogée dans les années 1970-80. Bref, avec l'instauration du capitalisme et la fin prétendue de l'Histoire, la famille Eric opéra une sorte de repli, ne faisant plus que des apparitions discrètes dans la cité.

Puis, dans les années 1990, toute le clan Eric tomba dans l'addiction au jeu et dilapida toute la fortune familiale dans le casino de Capbreton, ce qui permit de rénover le casino pour le reconstruire à l'identique, mais avec des petits morceaux de mosaïque incrustés dessus (petit clin d’œil aux émirs du Cathare que l'on imagnait garés en face du port dans de monstrueux yachts. On sait qu'ils ne répondirent pas à l'appel).
 
Il revenait alors au dernier né, prénommé Eric, de redorer le blason familial en participant à l'histoire du surf français, remportant le championnat 2014 de planche en mousse sur la plage centrale de Capbreton. Évènement au cours duquel il sauva de la noyade l'équipage d'un bateau de plaisance qui avait versé avec son équipage à l'entrée du port. Or, il se trouvait à bord de l'embarcation une personnalité qui avait changé à jamais l'image du peuple landais, Félicien, en étant l'un des premiers participants de la téléréalité naissante, en 2002, avec Le Loft.
Fort du nom qu'il s'était fait dans le milieu du surf, Eric Eric ouvrit son école de surf, la Ki Surf School, qui mêle surf, pratique du tai chi chuan et herboristerie. Une petite école intimiste, conçue pour encadrer de petits volumes de personnes sur les meilleurs plages de Capbreton, Hossegor et Seignosse.

Or, cette campagne 2020 autour de son nom fut derechef une source d'embarras. 
 
Rappelons-en l'intitulé : "Eric a acheté son poisson après avoir pédalé 6 min, merci Eric". 
 
Tout d'abord, l'intéressé habite à 3 minutes à pied du port, il lui faudrait faire un détour considérable pour parvenir à aller acheter son poisson en 6 minutes à vélo. Ensuite, cette notoriété soudaine, hommage à son illustre généalogie plus qu'à ses propres mérites, a engendré une avalanche d'appels pour prendre des cours de surf ou confectionner des potions anti-covid à base de fenouil et de camomille.

L'éminence grise à l'origine de cette campagne, personnage de l'ombre de l'office de tourisme de Capbreton, n'a pas souhaité s'exprimer sur l'utilisation quelque peu abusive qu'elle avait fait de l'image d'un honnête citoyen capbretonnais. Il eut été en effet bienvenu de lui demander son accord, même si cette publicité gratuite lui a permis de mettre son école de surf en avant, parmi la multitude d'autres écoles présentes dans le sud landais.

Voilà donc, décrite en quelques mots, la personne qui se cache derrière le nom de cette campagne de publicité (dont on ne sait pas trop si elle vise à faire du vélo, acheter du poisson, on baptiser son enfant conçu pendant un séjour à Capbreton du prénom de Eric).


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