lundi 26 août 2019

Le 5 pires techniques de take-off

Le surf est une discipline difficile à apprendre mais également à enseigner. Parce qu'elle se pratique dans un milieu naturel en constante transformation, qui plus est, aquatique. Or, tout le monde n'est pas à son aise dans l'eau ou câblé pour accepter la chute, qui constitue pourtant un passage obligé de l'apprentissage. Ainsi, au delà du défi physique de l'activité sportive, l'enseignant doit dépasser de nombreuses barrières mentales qui freinent la progression.

Le néophyte, s'il n'habite pas au bord de l'océan, découvre un univers complètement mystérieux, il lui est alors difficile de juger de la pertinence des conseils que lui prodiguent des moniteurs autoproclamés sur internet via des tutoriels, articles dans des magasines de renom ou sur la plage via une école de surf.

Le diplôme d'enseignement délivré par le ministère des sports français (BPJEPS et BEES) est certainement au monde celui qui demande le plus d'investissement en temps et possède le contenu le plus riche et pertinent. Il existe ensuite toute une (dé)graduation de certifications qui mettent sur toutes les plages du monde des moniteurs aux qualités très variables. 

Le pop-up, take-off ou redressement est un passage obligé de l'apprentissage et chaque moniteur enseigne sa propre technique. Il existe néanmoins quelques grands classiques, dont certains défient les lois de la physique et semblent destinés à creuser encore l'écart qui sépare le surfeur novice du surfeur excellent. Aussi, je vais présenter ici les avantages et désavantages de ces techniques, dont certaines carrément débiles, parviennent à faire illusion malgré tout.

Mais tout d'abord, visualisez le surfeur, allongé sur sa planche, les mains posées à plat sur la planche.

1. La technique du genou


La technique du genou considère que l'élève n'a pas les qualités physiques pour réaliser un redressement vif et dynamique, tel que le réalise le bon surfeur.
En portant le genou au milieu de la planche (posé ou glissé dans l'axe de la latte centrale de la board), l'élève soulage ses bras, passe par une étape intermédiaire rassurante avant de placer son pied avant entre ses mains. C'est du moins le plan.

Un redressement vif et dynamique, tel qu'enseigné à la Ki Surf School, va bien sûr occasionner, en début d'apprentissage, quelques erreurs de positionnement des pieds et chutes consécutives. Mais il crée les conditions nécessaires à l'exécution d'un mouvement fluide et en souplesse. Car la vague n'attend pas !

Or, le redressement avec le genou est tout sauf fluide : tout d'abord, il engage le bassin de face alors que le corps doit se positionner rapidement de côté. De plus, en multipliant les étapes intermédiaires (pose du genou, ensuite du pied avant, rotation du bassin pour trouver la position de côté), il saccade le mouvement, créant de l'instabilité là où un mouvement souple et dynamique eut permis de poser les deux pieds quasi-simultanément sur la planche.
Par ailleurs, à moins de vouloir faire du débutant un débutant éternel, ce redressement ne permet pas de se lever rapidement dans des vagues creuses et magnifiques, qui sont les vagues de vent off-shore que recherche tout surfeur accompli.




Toutefois, il est vrai que nombreux débutants ont du mal à "lâcher prise" et adoptent cette technique d'eux-même, intuitivement, parce que cet appui du genou rassure. Par la suite, il devient extrêmement difficile de se débarrasser de cette habitude.

2. La technique du pied avant posé en premier


Là encore, si le débutant pose le genou arrière ou si on lui dit de faire ainsi, c'est le pied avant qui va se poser en premier sur la planche. A moins d'être gymnaste olympique, le pied va toujours s'arrêter en deçà des mains, ces dernières bloquant le passage du pied (c'est ainsi que certains s'écrabouillent les orteils en essayant de passer le pied entre les bras).

Or le pied avant doit se poser légèrement au delà des mains pour mettre la moitié avant de la planche en contact avec la surface de l'eau, ce qui oblige le débutant une fois debout à déplacer ses pieds vers l'avant. Sans ce mouvement correctif, le poids du corps demeure sur l'arrière de la planche et cette dernière va rapidement couler au lieu de filer vers la plage. Un surfeur léger avec des qualités physiques va réussir à repositionner ses pieds avant d'avoir perdu toute vitesse mais ce ne sera pas le cas pour tout le monde.

3. La technique des orteils et du lever de fesses


Là, nous pénétrons dans le troisième cercle des Enfers de la technique du take-off.

Lorsque l'on observe au ralenti des vidéos de professionnels exécutant le take-off, on comprend mieux l'analogie avec le décollage d'un avion : on imagine le pilote qui tire sur le manche, le nez de l'avion qui pointe d'abord vers le ciel (le regard du surfeur), suivi progressivement par les roues avant (la poitrine du surfeur), puis le milieu de l'appareil (les hanches) et finalement les roues arrières.

La technique du pousser d'orteils suit le chemin inverse et présuppose que la planche soit gigantesque (en effet, même sur une 8', taille standard de la planche d'apprentissage, la plupart des élèves en position d'équilibre allongé ont les orteils qui dépassent l'arrière de la planche) : les orteils en appui sur la planche, le surfeur tend ses jambes et lève les fesses. A partir de là, deux méthodes sont enseignées, soit les pieds se posent en deux temps sur la planche, soit l'élève prend appui sur ses pieds pour exécuter un petit saut en avant.


Sur une planche à la stabilité hors norme, cette technique peut permettre à un surfeur léger et tonique de réussir à se lever. Pour quelqu'un de plus lent ou sur une planche d'apprentissage classique, exercer une pression sur l'arrière de la planche va enfoncer derechef l'arrière de la planche sous l'eau, cabrer l'avant et casser la glisse dès le départ. La take-off dynamique s'apparente plus à un mouvement de glissement du bassin qu'à un saut, même si, psychologiquement, le take-off en haut de vague donne le sentiment d'un saut dans le vide.

Le redressement dynamique reproduit le mouvement de yoga du serpent, lorsque le bassin glisse vers l'avant comme pour passer entre les bras. Au contraire, avec la technique des orteils, le débutant crispe le bas du corps. En levant les fesses, il porte son poids vers l'arrière quand son objectif eut été de le porter rapidement vers l'avant pour glisser debout jusqu'au bord.

Or, on observe que l'élève, en expérimentant dans l'eau, finit par développer sa propre technique qui n'a souvent rien à voir avec la technique absurde qu'on lui aura montré. Parfois d'ailleurs, on observe que le moniteur en situation de surf n'utilise jamais la technique qu'il enseigne à ses élèves jour après jour. Comme s'il existait une technique de take-off pour les bons et une technique de take-off pour les nuls.

4. Les mains sous les épaules


On voit et entend encore ce conseil : "posez vos mains sous les épaules". Non, les mains, si vous regardez les surfeurs professionnels, se posent le plus en arrière possible, au niveau de côtes, et donc plus bas que la poitrine. Ainsi placées près du centre de gravité du corps, il devient plus aisé et moins pénible de hisser le corps vers l'avant de la planche. Un effet balancier vient alléger le travail des muscles.



Des mains placées trop en l'avant vont avoir tendance, dans la poussée et selon le degré d'erreur : à couler le nez de la planche, à porter le poids du corps vers l'arrière, à occasionner de la fatigue autant musculaire qu'articulaire (tendinites) et à réduire la réussite dans l'exécution du take-off. Placées de manière asymétrique, elles vont également augmenter les risques de pathologies articulaires.

Car, avant même de se lever, il existe quelques pré-requis techniques : le corps doit être bien positionné allongé sur la planche pour qu'elle glisse à plat, les mains elles-aussi doivent être placées au bon endroit, de même que le regard tendu vers l'avant. Et bien sûr, il faut maîtriser la technique de la prise de mousse ou vague molle.

5. Le redressement en levrette


Cette technique n'est, à ma connaissance, enseignée par aucun éducateur sportif mais il est quasi-criminel de la laisser se perpétuer. Les moniteurs peu scrupuleux se disent ceci : du moment que l'élève se lève dans un mousse, peu importe la manière. Néanmoins, cette technique, en plus d'être inesthétique au possible, exécutée dans une vague creuse, aura des conséquences catastrophiques, le débutant va s’exploser en bas de vague à chacune de ses tentatives.

Cette mauvaise technique découle d'un défaut de positionnement des mains sur la planche, et qui n'aura pas été corrigé. Au lieu de positionner ses mains à plat près des côtes, l'élève pose les avants-bras sur la planche tout en s'agrippant sur ses bords. Ensuite, dans un même mouvement, il se hisse en avant en levant les fesses et repliant ses genoux, puis il pose tant bien que mal ses pieds.


C'est dans des vagues plus techniques que le débutant va découvrir les limites des mauvaises techniques qu'on lui a enseignées et qui visent un seul objectif : le débutant doit parvenir au plus vite à se redresser car c'est son but, peu importe s'il se lève comme une chèvre, car un client content est un client qui revient. De plus, en le maintenant dans son état de novice, on est bien certain qu'il n'atteindra pas l'autonomie nécessaire à une pratique du surf non encadrée.

Alors, quelle est la bonne technique de take-off, me direz-vous ? La réponse en situation d'apprentissage auprès de la Ki Surf School !


1 commentaire:

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